À la suite du colloque « Chanoines et chanoinesses du IXe au XVIIIe siècle » organisé par la ville de Maubeuge, dans la lignée de la redécouverte et la publication des deux inventaires figurés du trésor du chapitre de Sainte-Aldegonde de Maubeuge (1482-1693) et dans la perspective du redéploiement du trésor au sein de l’église rénovée Saint-Pierre et Saint-Paul de Maubeuge, un important projet de recherches scientifiques a été lancé. Celui-ci s’attache à l’étude des reliques et reliquaires provenant de l'ancien chapitre de Sainte-Aldegonde, fondatrice de Maubeuge. A l'instar de l'étude menée sur la Chasuble dite de sainte Aldegonde en 2013, ces analyses (anthropologie, ADN ancien, protéines anciennes, C14) concerneront la Crosse abbatiale, le Reliquaire du voile, la Châsse et les ossements de la sainte. Simultanément, les mêmes études seront conduites sur les restes de ses parents, saint Walbert et sainte Bertille, conservés dans l’église de Cousolre.
L’ouverture des reliquaires a été programmée en deux temps : La châsse de Cousolre : le samedi 21 novembre 2015, en l’église de Cousolre, lors de la cérémonie officielle de reconnaissance des reliques réalisée par Mgr GARNIER, archevêque de Cambrai. Les reliquaires et objets du trésor de Maubeuge : le mardi 8 décembre 2015 au musée Matisse du Cateau-Cambrésis (lieu provisoire de dépôt du trésor durant les travaux de l’église paroissiale de Maubeuge).
Ce projet, accompagné par un comité scientifique et technique pluridisciplinaire (historiens, historiens de l’art, anthropologues, chimistes...), est une première en France. En effet, la qualité des objets étudiés, la variété des spécialistes, l’association de nombreuses disciplines et le recours à de multiples techniques d’analyses – dont certaines novatrices – en font un projet exemplaire et sans équivalent à ce jour. La science, ici au service de l’histoire, permettra de mieux comprendre qui étaient Aldegonde, ses parents et par extension de compléter la connaissance de l’histoire du Chapitre, de son trésor et des communes de Maubeuge et de Cousolre. Cette entreprise exceptionnelle, unique en France, n’aurait pas été possible sans le soutien des autorités religieuses, des communes, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et des nombreux scientifiques qui se sont engagés pleinement dans cette démarche.
L'ULR a été impliquée dans une étude détaillée concernant un ensemble de reliques conservées au couvent de Saint-Saulve. Cinq corps ont été retrouvés en 1922, identifiés comme pouvant être ceux des ursulines martyres guillotinées en 1794 à Valenciennes. L'ULR a eu accès à une riche documentation dont des rapports d’examen des ossements datant de 1924 à 1925 ainsi que des notes manuscrites signés par des médecins légistes lillois de l’époque. Un document de janvier 1936, signé par les Drs Maurice Pruvost père et Maurice Pruvost fils, atteste la correspondance des cinq corps étudiés avec les cinq religieuses. L’étude approfondie conduite un siècle plus tard par Benoit Bertrand et Sophie Vatteoni révèle que les éléments conservés sont incompatibles avec la présence de cinq sujets adultes de sexe féminin, mais compatibles avec la présence minimum de neuf sujets (six adultes des deux sexes dont deux hommes) et trois sujets immatures et ne relève aucune lésion traumatique compatible avec une décapitation.
À la demande de Philippe Sarraute, Maire de Bettrechies, et de Caroline Biencourt, Conservatrice du Service de la Conservation du Patrimoine de Cambrai, l’ULR a été sollicitée pour apporter son expertise sur un fragment d'os non identifié reconnu comme une relique découverte dans la sacristie de l'église de Bettrechies. Les investigations réalisées ont révélé qu’il s’agit d’un tibia gauche avec des trace de découpes post mortem et la présence de deux sceaux attestant de son authenticité, appartenant à Fénelon et à la famille De Berghes, deux figures archiépiscopales majeures de la région de Cambrai. Cette association confère une dimension historique à cette découverte. Cependant, en l'absence de documentation historique, il est difficile d'attribuer avec certitude cette relique à une figure spécifique. Des hypothèses ont été proposées, suggérant que la relique pourrait appartenir à Ste Aldegonde. Notre unité a donc été appelée à examiner cette pièce osseuse. Cette investigation a impliqué une collaboration entre les membres de l’ULR, des conservateurs et des historiens. L’implication de nos partenaires spécialistes en datation radiocarbone a permis de démontrer que l’os est daté entre la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. et le premier quart du Ve siècle ap. J.-C. et d’exclure l’appartenance à Aldegonde. Préalablement aux prélèvements, un scanner de haute résolution a été réalisé et une impression 3D a été remise à la mairie à des fins pédagogiques.