Unité de Taphonomie Médico-Légale et d'Anatomie
L'UTML&A basée à l'Institut de Médecine Légale de Lille constitue un jalon important dans le développement de la recherche médico-légale.
Fondée initialement en 1993 dans l'ancien IML de Lille (alors situé boulevard Painlevé à Lille), sous la forme d'un laboratoire d'anthropologie-odontologie et intégrant un laboratoire d'entomologie appliquée à la médecine légale, cette entité avait pour mission première de répondre aux besoins en expertises médico-légales, notamment dans les domaines de l'identification de sujets non reconnaissables et de la détermination du délai post mortem de corps squelettisés.
Avec le temps, les thématiques de recherche se sont développées et ont été intégrées au sein de l’unité de Taphonomie Médico-légale (UTML) labellisée Équipe d'Accueil (EA7367) en 2015. Ce regroupement a marqué un élargissement des investigations aux tissus durs (os et dents) ainsi qu'aux tissus mous, explorant les processus impliqués dans la dégradation des corps.
Lors du renouvellement de son contrat quinquennal en 2020, l'unité a évolué vers l'Unité de Taphonomie Médico-Légale et d'Anatomie (UTML&A), une unité labellisée de recherche (ULR7367). L'intégration de l'Anatomie a permis d'approfondir et de diversifier les recherches menées, renforçant le pont entre les études théoriques et les applications pratiques en médecine légale, en odontologie médico-légale et en anthropologie médico-légale. En 2020, l'unité s'est recentrée sur les approches directement liées aux tissus humains, affirmant son rôle prépondérant dans le domaine de la taphonomie médico-légale.
Thématique scientifique
Le cœur d'activité de l’ULR7367 se concentre principalement sur l'étude des processus impliqués dans la transformation du cadavre, dans le but d'estimer le délai post mortem. Les échelles de temps considérées pour ces estimations s'étendent de quelques minutes à plusieurs décennies. Cependant, la complexité des processus biologiques et biochimiques impliqués conduit à une augmentation de l'imprécision des estimations du délai post mortem avec le temps.
Lorsque les restes humains sont réduits à l'état squelettique, les techniques de datation actuelles ne permettent d'évaluer cet intervalle que dans une fourchette éloignée du délai de prescription de 20 ans fixé par l'article 7 du Code de Procédure Pénale.
Face à ces limites, de nouvelles avancées sont activement recherchées, tant sur le terrain qu'en laboratoire.
En complément, l'unité contribue également à la construction du profil biologique des sujets squelettisés. Cette recherche se concentre sur l’estimation de l’âge au décès, élément fondamental pour orienter les enquêtes médico-légales et les études anthropologiques. En utilisant des techniques telles que l’histologie dentaire (la cémentochronologie), l’ULR7367 s'efforce d'améliorer la précision des estimations de l’âge au décès, réduisant ainsi les incertitudes inhérentes aux méthodes traditionnelles basées sur l'observation morphologique de critères osseux. Ces avancées sont essentielles pour affiner les profils biologiques et fournir des informations cruciales pour les procédures judiciaires mais aussi pour les études archéologiques.